Kolda : Immersion dans le village de reclassement « Tripano »

En 1976, alors que la maladie de la lèpre frappait en plein fouet les pays de l’Afrique de l’ouest, les autorités sénégalaise d’alors ont adopté un projet de loi relative au traitement de la lèpre et au reclassement social des lépreux guéris ou mutiles par la création des villages. A cette époque, l’objectif des compétentes était d’isoler les malades et bloquer la chaine de transmission de cette pathologie. Apres plus de quatre décennies, sous un autre magistère, les autorités en charge des questions sanitaires du Sénégal ont entrepris à travers la loi n11/2022, la suppression des villages de reclassement des lépreux dans le but d’améliorer la qualité de l’offre des services de santé. Le Sénégal compte 9 villages de reclassements, dont celui de Kolda arborant le sobriquet de « Tripano ». Aujourd’hui, plus de deux milles personnes voient le jour dans cette contrée de la capitale du fouladou. Cependant, ces derniers sont gangrénés par une controversé spoliation de leurs espaces depuis que le gouvernement du Sénégal a annoncé la mesure. Il semblerait que leurs domaines ont été accapare par des instruis, engendrant un contentieux judiciaire entre les propriétaires et les promoteurs. I. Diao martèle que « La manière dont les autorités ont procédé à la distribution de nos terres est inacceptable. Tous les espaces qui nous restés ont été accaparé par des étrangers. D’ailleurs notre résistance a fait qu’au finish, nous avions eu un contentieux judiciaire avec ceux qui ont acheté nos espaces. Lorsque nous nous sommes allé en justice, ces derniers nous ont clairement dit que ses terres appartenaient aux nouveaux acheteurs. C’est une situation vraiment déplorable. Toutes nos terres ont été prises par des intrus même nos enfants n’ont pas ou s’amuser. Nous qui sommes des pères de familles, ils nous ont laissés de petites maisons qui ne nous suffisent pas vraiment. Nous sommes très remontés contre cet agissement des gouvernant ».

Ce jeune trentenaire, Y. dramé est un habitant de « Tripano ». Il vit seul depuis le décès de son père. Aujourd’hui, il n’a pas de domicile fixe dans le quartier qu’il est né. Ainsi, Il aurait déploré la gabegie foncière qu’ils sont en train de subir et un potentiel non-respect des engagements des autorités. Il soutient que « Nos parents sont malades et très dépourvus de moyens. Les espaces qui nous restaient ont été donnés à d’autres personnes, un vrai partage de gâteaux. Certains pères de familles leurs enfants sont actuellement maries, mais ils n’ont pas ou se loger. Ils vivent ensemble dans des maisons très petites. Lorsque nous avions tenté de revendiquer, les promoteurs nous ont porté plainte. Les autorités administratives nous avions promis d’ailleurs des parcelles, mais jusqu’à présent nous n’avons rien vu. Hormis cela, l’état du Sénégal nous avait promis aussi de régler la situation, mais en vain ».

Malgré la volonté manifeste de l’état à travers son ministère de la santé et de l’action sociale de réintégrer socialement les lépreux, des dysfonctionnements semblent être notés dans le processus et dans la faisabilité. I. mandiang est un notable du quartier « tripano ». Pour lui, ils ont été dépouillés par des estrangers. Pour I. Mandiang, « Ceux qui ont vendus ses petits espaces qui nous restaient, nous ont vraiment fait du mal. Toutes les terres qui nous restés ont été prises. Tous les étages que vous voyez là, c’étaient des terres qui nous appartenaient. C’est une situation vraiment déplorable. En compagnie de nos épouses et de nos enfants, nous vivons dans des maisons très « bis » rétrécies. Ils nous avaient promis des terrains, mais cette rhétorique a été chanté plus d’une fois, mais au finale on ne voit rien. Pourtant ce que nous voulons, c’est juste avoir 9 terrains, ainsi pour caser ceux qui n’ont pas de maisons et construire des infrastructures de bases. Nous voudrions avoir aussi des salles de classes, des salles de réunion et un magasin ou stocker nos affaires »

Allant dans le même sens, O. Sylla, un des illustres notables de « tripano » semble soutenir que leur seul objectif est d’obtenir d’espaces pour construire des infrastructures sanitaires, éducatives et sportives. O. Sylla dit que « Tout ce que mes camarades de quartier ont dit est vrai. Cependant, le plus essentiel est que nous avions des espaces qui ont été voles par des étrangers et que nous voudrions que ses espaces nous soient restitués. Les autorités aviez promis de nous caser, mais jusqu’à présent nous n’avons rien obtenu. Nous voudrions construire des infrastructures sanitaires ou éducatives. D’ailleurs, ils avaient dit qu’ils nous ont trouvé des espaces à Bouna Kane, mais je n’ai rien vu jusqu’à la »

L. Fané lui est le président du collectif de lutte pour la restitution des terres de tripano. Il vivait en Europe ou il pratiquait le football. Selon lui, ils auraient entrepris pas mal de démarches mais en vain. A cet effet, il interpelle le maire de Kolda, El hadji Mame Boye Diao d’interférer en leur faveur. Il souligne que « Lorsque je suis revenu en 2020, j’ai mené une enquête pour connaitre les raisons qui ont fait que notre quartier a perdu la moitié de son espace. J’ai parcouru aussi l’arrêté portant sur ses villages de reclassement. Ils n’ont pas respectés les termes dégagés dans l’arrêté qui stipule clairement que nous devions bénéficiés de 260 m2 à 360 m2. Comme tu peux le constater toi-même, notre maison ici ne fait même 160 m2. L’autre chose qu’ils n’ont pas respecté c’est qu’ils avaient dit qu’ils vont nous aider à décongestionner le quartier mettre des voiries, afin de faciliter le déplacement des individus. Notre n’a finalement pas abouti parce que en face nous avions des promoteurs qui ont du pouvoir. Nous nous sommes allé jusqu’à collaborer avec le FRAPP et le forum civil, mais en vain. Toutes les parcelles vendues nous n’avons pas vu d’acte de vente ou de délibération, c’est vraiment déplorable. Nous voulons que le maire, El hadji Mame Boye Diao nous aides à obtenir des espaces, parce que nous voudrions construire des structures. Déjà nous avons des partenaires qui sont prêts à injecter leur argent pour nous aider ».

A « tripano », même les plus jeunes s’indigneraient de la situation. Trouver en train de faire du « thé », les potaches du quartier se désolent du sort de leurs parents. S. Baldé estime qu’ils n’ont ni d’hôpital, ni d’école et que les cas de vols sont récurent dans le quartier. C’est pourquoi, il martele pour dire que « C’est vraiment anormal ce que nous vivons. Nous n’avons pas d’espace ou construire des structures de santé. Les plus petits aussi n’ont pas où aller à l’école. Nos parents sont vraiment fatigues. Nous manquons beaucoup de choses ici. D’ailleurs nous n’avons pas d’éclairage public, c’est pourquoi les cas de vols sont très nombreux dans le quartier. Il fait qu’on nous aide vraiment ».

Au cour de notre déplacement, nous avons sillonné le quartier de « tripano ». Cependant, le constat est qu’ils n’ont pas de marché, ni de salle de réunion. A. cissé est la seule vendeuse des parages. Elle réclame la restitution de leurs espaces pour qu’ils puissent en construire tous ses édifices cités. Ainsi, elle nous fait savoir que « C’est vraiment ignoble ce que nous vivons actuellement dans notre propre quartier. La manière dont les autorités ont fait le lotissement n’est pas du tout bonne. Aujourd’hui, beaucoup de familles se retrouvent seules dans des maisons très petites. Presque tous les alentours du quartier ont été vendus à des étrangers. Dans tout le « tripano », je suis la seule vendeuse. Nous les femmes d’ici nous n’avons pas de marché, ni de salles de réunions et des structures de santé. Le plus souvent lors de nos réunions d’association, nous allons à la mosquée. Nous voudrions avoir l’aide des autorités pour avoir un dispensaire et une salle de réunion ».

Surpeuplement des maisons, manque de voiries, manque d’éclairage public, des cas de vols répétitifs et des enfants non déclarés sont autant de maux qui semblent sévir la localité de « tripano ». Ainsi, le chef de village dénonce avec ardeur l’inertie des autorités. A. Seydi défend que « Nous avons d’énormes difficultés, ici à « tripano ». Comme vous l’avez vu les maisons sont pleines et bondes de personnes. Il n’y a pas que ses problèmes à « tripano ». Nous manquons aussi de voiries pour faciliter le déplacement parce qu’ici, la plupart des lépreux leurs pieds ont des petites blessures. Ils ne peuvent pas marcher correctement sur les pierres. Il est inacceptable que jusqu’à présent nous n’avons pas de route, ni d’éclairage public. Nous voudrions des lampadaires, pour éclairer notre quartier. C’est inacceptable que jusqu’à présent nous ne pouvons pas faire des activités en pleine nuit à cause d’un manque d’éclairage. Nos sacs de charbon sont souvent voler pendant la nuit. Nos enfants n’ont pas de travail et que beaucoup de jeunes ici à « tripano » n’ont pas d’extrait de naissance. Il faut que les autorités nous aident à sortir de tout cela. Nous sommes un bastion électoral de plus de 2000 électeurs. Les autorités doivent prendre cela en compte et aider nos enfants et femmes à avoir du travail ».

Apres l’abrogation de la loi, l’association sénégalaise de lutte contre la lèpre et des maladies tropicales négligées continue le combat. Selon son président, Pape Mamadou Diagne au-delà de la loi d’orientation sociale, l’état doit mettre en place des mesures d’accompagnement et de suivi de la mesure. Il plaide aussi le respect définitif des droits des lépreux notamment avec la carte d’égalités des chances.

Au Sénégal, les neuf villages de reclassement perdurent, avec leur lot de discriminations malgré les efforts consentis par les autorités compétentes. Face aux nouveaux défis liés à la santé, l’état du Sénégal à travers l’assemblée nationale a abrogé juin passé la loi qui régissait les sites d’isolement des lépreux guéris ou mutiles. Cette nouvelle loi va faciliter l’intégration sociale des habitants des villages lépreux de Fatiga, de Sowane, de Peykouk, de Tébi, de Djibélor, de Koutal, de Mballing, de Diambo et de Tripano. Cependant, à Kolda, ces derniers semblent confronter à de nombreuses difficultés liées au manque d’espaces et d’infrastructures sanitaires, éducatives et sportives. Apres multiples controverses, ils interpellent les autorités  pour qu’elles puissent les venir en appoint.

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