Grand reportage sur la pêche artisanale à Kafountine ( Sud du Sénégal)

Au quai de Kafountine, on retrouve des hommes et des femmes. Ils s’activent dans la pêche artisanale. Là également, on voit des mareyeurs marchander du poisson. Les camions pirogues s’alignent à perte de vue. Les vagues grondes comme une houle. L’activité est en plus jamais dense. C’est ce que fait du secteur de la pêche l’un des plus grands pourvoyeurs d’emplois dans la région de Ziguinchor. « Nous avons une boutique nous vend des moteurs. Ce n’est pas loin du quai. Nous y trouvons toutes sortes de moteurs pour nos pirogues. Nous y achetons aussi des filets. Nous n’avons pas trop de problèmes à ce niveau. Il fait la commande au Japon. La livraison est faite à Ziguinchor puis acheminée vers Kafountine. Un seul moteur peut coûter plus de 3 millions de FCFA. Il y a aussi des moteurs qui coûtent un million et d’autres 2 millions selon le type de moteur. Nous voulons toute fois que L’Etat continue de subventionner les moteurs parce qu’ils coûtent trop chers. C’est un appel que lance à l’Etat du Sénégal. », explique ce pêcheur.

Et, son camarade d’ajouter: « Nous venons aussi à chaque campagne de pêche. C’est devenu une habitude chez nous. Nous sommes maintenant, je peux dire des citoyens de Kafountine. Nous travaillons dans la mécanique. Nous réparons les moteurs des pirogues. Nous nous en sortons petit à petit. Sur le plan de la pêche, nous sommes actuellement en crise. Ce secteur traverse des moments sombres parce que les acteurs souffrent de plusieurs difficultés. Nous demandons alors aux autorités compétentes d’accompagner et de soutenir les pêcheurs artisanaux. C’est le rôle de l’État d’apporter des solutions aux problèmes des travailleurs. A Kafountine, franchement, la pêche tourne au ralentie. Nous n’avons aucun espoir aujourd’hui pour réussir dans la pêche. C’est vraiment dommage. Les autorités doivent agir au plus vite ».

Aujourd’hui, cette activité est menacée par une rareté du poison. Les prix flambent au quai et sur le marché. Se procurer de cette denrée alimentaire devient difficile.  Les acteurs ne savent plus où donner de la tête. Ils pointent doigt la présence des bateaux étrangers au large des côtes sénégalais. « J’étais venue au quai pour chercher du poisson. Kafountine est une ville de pêche très prospère. Il y a des opportunités ici grâce à l’activité de la pêche. Je viens aussi pour chercher du poisson pour aller le revendre au marché. C’est la raison de ma présence au quai ce matin. Mais, ces derniers jours le poisson est rare. Cela nous cause des soucis parce que nous pourrons pas faire des achats. Il est très difficile actuellement d’avoir du poisson au quai. Nous faisons des efforts en vain parfois. Et, les prix sont de plus en chers », souligne cette dame d’une trentaine d’années.

Non loin de là, on retrouve un autre mayeur. Il pointe du doigt la présence des bateaux étrangers au large des cotes sénégalaises. « Moi, je m’active dans la transformation des produits halieutiques. Il y a poisson séché, les crevettes et autres produits. Mais, nous avons de nombreux problèmes. Nous ne pouvons plus écouler nos marchandises. Nous ne pouvons plus gagner de l’argent comme avant. Nous avons quitté d’autres localités pays pour venir ici. Nous constatons que les problèmes sont presque les mêmes. Auparavant, nous pouvions avoir beaucoup de poissons. Ce n’est plus le cas. Les pêcheurs ne peuvent pas aller plus loin en mer à cause des bateaux étrangers. Cela se répercute sur notre chiffre d’affaire. Nous voulons un accompagnement de nos gouvernant. Nous ne pouvons plus supporter cette situation difficile. Nous sommes des citoyens de ce pays qui veulent gagner dignement leurs vies à travers ce travail. Les bateaux étrangers sont à l’origine de tous nos maux. Ils nous causent énormément de problèmes en mer. Ils détruisent nos filets en haute mer. Nous ne pouvons plus aller loin à cause de ses bateaux. Il faut qu’on nous trouve des solutions à cela. Nous ne pouvons plus supporter leur présence au large de nos côtes. Nous sommes des pêcheurs artisanaux. Nous ne pouvons pas rivaliser avec ces gros bateaux. L’Etat doit revoir les accords de pêche pour nous aider. Nous sommes très fatigués. Nous n’avons que ce travail pour nourrir nos familles. Aujourd’hui tous nos emplois sont menacés. Cela nous cause aussi beaucoup de pertes matérielles et c’est insupportable », martèle-t-il.

Au-delà des difficultés liées à la navigation, les pêcheurs de Kafountine souffrent aussi de problèmes liés à la conservation. Ils n’arrivent pas également à transporter des produits halieutiques dans les autres contrées pour les vendre. Et, pour cause, les routes sont parfois impraticables. En plus, le quai ne dispose pas suffisamment de boites de conserves. « Je m’appelle Abdou Faye. Je suis chauffeur au quai de pêche de Kafountine. J’assure le transport du poisson entre Kafountine, Kolda, Ziguinchor et Sédhiou. La principale difficulté que nous c’est l’état chaotique des routes surtout sur la route de Diouloulou. C’est une route dans un piteux état. Pendant, la nuit il est très difficile de circuler sur l’axe. Ce n’est même pas sûr. Nous avons des camions lourds. Ce n’est pas facile de conduire dans de telles conditions. Si, la route était dans un bon était, cela allait vraiment nous arranger. Le quai aussi n’est pas bien assainie. Il est aussi trop étroit pour accueillir les véhicules. Les camions font une longue queue pendant des heures avant de charger de la marchandise. C’est un vrai problème », dit-il.

L’érosion côtière ! Voilà un autre un mal qui gangrène aussi les pêcheurs artisanaux de Kafountine. La mer avance presque tous les jours. C’est du moins ce que révèle un rapport des organisations de défense de l’environnement au Sénégal. C’est d’ailleurs un réel problème écologique et maritime. Les espèces sont en voie de disparition. Et, cela inquiète les habitants et acteurs de la pêche. Ces derniers interpellent les pouvoirs publics afin d’y remédier. En outre, les pêcheurs de cette partie sud pays font usage des mono- filaments. Et, pourtant, ces filets sont interdits au Sénégal. Une manière de permettre de protéger les poissons et faciliter leur reproduction. « Il y a plusieurs types de pêches en mer. Mais, nous nous évoluons dans la pêche artisanale. Nous travaillons avec les mono-filaments qui sont utilisés par tous les pêcheurs artisanaux sénégalais. Au début, c’est nous qui les préparions avec nos propres mains. Mais, maintenant, ce sont usines qui en fabriquent. Nous ne faisons qu’acheter désormais et c’est plus pratique. Toutefois, nous faisons quelques modifications. Bien que l’État nous interdit de faire usage de ses filets, nous continuons à le faire parce que nous n’avons pas d’autres options. Les acteurs de la pêche souffrent et l’État ne fait rien pour nous aider. Et, on nous empêche aussi de pêcher avec nos propres moments. Nous sommes quand même des citoyens de ce pays. Nous sommes certes des légalistes. Mais, nous vivons aussi de ce métier. Les autorités doivent trouver des solutions alternatives pour ensuite retirer ces filets sinon nous aussi nous allons continuer à en faire usage », clame-t-il.

Pratiquer la pêche à Kafountine a toujours été une activité très prolifique. Cependant, depuis quelques années, cette activité tourne au ralenti. Les acteurs pointent du doigt la présence des bateaux étrangers au large des côtes sénégalaises. Et, ils tirent sur la sonnette d’alarme. Abdoulaye Wandianga.

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